Courte discussion avec un ami à Conakry.

Au moins une centaine de morts à déplorer depuis un mois selon guineenews.org. Et encore, "a mon avis c'est beaucoup plus, les cadavres sont vite enterrés, impossible ensuite de les compter". Conakry est en état de siège, "Hier les hélicoptères survolaient la ville, aujourd'hui c'est les migs".

Le dictateur Conté a resserré les rangs autour de lui. De peur que l'armée ne lui échappe il n'a pas hésité a faire monter en grade tous les soldats du camp alpha Yaya après que ceux-ci aient vidé le magasin (lisez l'article de guineenews cité au dessus, il contient des propos édifiants d'un des soldats du camp". Les militaires ont les pleins pouvoirs pour "éviter une guerre civile a la Guinée" selon le président. La suite de ce post devrait éclairer la grandeur d'âme de cet homme qui selon ses dires, pense avant tout à la sécurité de sa population.

La militarisation ne s'arrête pas là. Des ex-rebelles libériens du LURD et des commandos Bissau-Guinéens envoyés par le voisin et ami du président, le général Nino , auraient participé à la meurtrière répression des manifestations à Conakry aux cotés de la garde présidentielle. Et voilà maintenant que des anciens de l'ULIMO se sont aussi déployé dans la capitale. Qui les a appelé? Lansana Conté dénonce un complot du numéro 2 du gouvernement et procède même a des arrestations, effet de manche pour se ménager une sortie de crise ou réalité? Rappelons tout de même qu'il a jadis contribué à armer ces même rebelles.
"Hier je me suis fait contrôler en voiture, par un soldat qui parlais portugais, un Bissau Guinéen sûrement" m'indique mon ami. "On va se récupérer tout ce qui se fait de pire dans le coin". Et comme souvent avec les mercenaires, tout dégénère, pillages et viols ont déjà été rapportés par la presse locale. Les souvenirs des massacres au Liberia et en Sierra Léone me reviennent et me donne la nausée. Funeste façon d'éviter une guerre civile! "Et quand tout sera fini, comment va t'on s'en défaire?". Les autorités ont ouvert une boite de Pandore que la Guinée mettra peut-être longtemps à refermer. Ce genre de contingent n'est pas du genre a regagner tranquillement ses pénates une fois le conflit terminé, mais plutôt à s'installer dans un coin du pays et s'en assurer le contrôle en terrorisant les populations jusqu'à se qu'on les appelle ailleurs. Voyez l'est de la RDC.

"S'il ne part pas, ça restera comme ça, on ira jusqu'au bout" affirme mon ami. Et je le comprends. Corruption, appropriation des ressources et autoritarisme, voilà ce qui caractérise le président vieillissant et malade. Selon mon ami, il était même devenu très difficile de savoir qui tenait vraiment les rênes du pouvoir avant le conflit. La population est déterminée à en finir avec le régime. Pour le moment elle paye chèrement le prix de sa liberté. Espérons qu'elle sorte vainqueur de cette lutte.